Nous parlions récemment de la migration vers le protocole IP dans sa version 6. Représentant l’avenir depuis maintenant longtemps, il doit permettre la correction d’un problème de taille avec la version 4 actuelle : celui de la pénurie annoncée d’adresses IP disponibles pour l’ensemble des machines et équipements qui se connectent à Internet
Chaque fois qu’un site ou un expert du sujet fait le point, c’est souvent pour annoncer que la situation n’évolue guère. Et pourtant, il serait temps qu’elle évolute cette situation. Si on regarde de plus près l’histoire du protocole, on se rend compte qu’il a été créé en 1994. En 1996, le réseau français RENATER (réseau national de télécommunications pour la technologie, l'enseignement et la recherche) l’adoptait déjà. Et depuis ?
Stagnation et situation inégale selon les pays
Depuis, les choses n’ont avancé que très lentement, et les différents experts du domaine font souvent part de leur inquiétude. Si l’Europe s’est fixée un objectif assez ambitieux d’atteindre 25 % de ses internautes sur IPv6 en 2010, il en va bien sûr tout autrement de la situation à l’échelle mondiale. Certains prévoient la pénurie complète d’adresses IPv4 pour 2010, d’autres dans une fourchette qui s’étend jusqu’à 2013. Dans tous cas, le temps est sérieusement compté.
Scott Iekel-Johnson, ingénieur logiciel chez Arbor Networks, indique ainsi que des données ont été collectées autour de 91 fournisseurs d’accès dans le monde et de leurs clients. Le bilan n’est pas réjouissant : par rapport à l’année dernière, la situation est pratiquement la même. Cette « situation » est en fait très inégale selon les pays. Ainsi, ce n’est absolument pas dans des pays dits « riches » que l’on trouve les plus grands travaux.
Les pays riches ne sont pas au premier plan
Interrogé par nos confrères de Vnunet, Jay Daley, directeur des technologies de l’information chez NOMINET, qui fournit des adresses en .uk pour le Royaume-Uni, cite par exemple la Chine comme l’un des pays qui recoure le plus à IPv6. Mais il faut dire que la Chine fait face à des contraintes très supérieures aux autres pays : le nombre incroyable d’abonnés, et ceux qui restent encore à relier à Internet.
Du coup, le pays a rencontré de sérieuses difficultés pour l’attribution d’adresses IPv4 et avait commencé par mettre en place de coûteuses technologies pour augmenter artificiellement la disponibilité de ces adresses. Chaque fois que c’est possible, les FAI chinois emploient donc IPv6, dont le nombre d’adresses possibles n’est sans commune mesure avec la version précédente du protocole.
Il va y avoir pendant une période donnée une cohabitation des deux versions du protocole. De nombreux efforts vont devoir être faits par les fournisseurs d’accès et les pays pour simplifier au maximum les évènements, car les sites accessibles au travers d’IPv4 ne pourraient pas sinon être accessibles depuis les machines et équipements utilisant IPv6.
Aujourd’hui, la comparaison des utilisations est vite résumée. Selon un rapport d’Arbor Networks, le trafic mondial basé sur IPv6 atteignait péniblement 600 Mb/s. Et pour IPv4 ? Bien plus : 4 Tb/s.